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Les tribulations d'un sombre héros.

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Les tribulations d'un sombre héros.
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29 novembre 2009

Légendes urbaines

http://www.youtube.com/watch?v=Ww2EX0OdDeA

Voilà quelques jours qu'une pensée me trotte dans la tête : peut-être serait-il temps, à la fin, de vous présenter plus en détail l'endroit où j'ai atterri... Santiago de Querétaro, de son nom complet, est donc une ville d'à peu près deux millions d'habitants (les chiffres ne sont pas très précis, hein, c'est le Mexique...), juchée, à plus de 1 800 mètres d'altitude, sur le large plateau central du pays. Ce dernier détail explique notamment le climat qui règne ici : chaud le jour, lorsque le soleil tape et redonne leurs couleurs aux petites rues del centro historico et froid la nuit, ou quand le ciel se couvre de lourds nuages électriques (assez rares). Sa position de carrefour en a fait un endroit relativement prospère. Cela n'est pas anodin car, au Mexique, qui dit ville riche, dit aussi police assez bien payée, corruption limitée et sécurité accrue (oulah, ça fleure bon le discours sarkoziste, ça). C'est triste mais c'est ainsi. Et cela fait de Querétaro un havre de tranquillité, quand d'autres villes, pas si éloignées, vivent aux rythmes des coups de feu qui témoignent de la guerre acharnée que se livrent l'armée et ceux qu'on appelle ici les narcos (narcotrafiquants). Oune bille tlès tlès tlanquouille, donc, comme me le rappelait il y a deux jours un de nos distingués étudiants. A tel point que les narcotrafiquants eux-mêmes y mettent leur famille à l'abri !! (Dis-moi, Mi Vida, faudrait voir à pas traumatiser notre Paquito avec tous ces coups de feu... je vous ai trouvé une petite colonia quatre étoiles, dans une petite ville où Papa ne travaille pas...). Habiter dans ce petit paradis, semé de parcs et de jolies églises classées au Patrimoine Mondial de l'Unesco a pourtant un prix et Querétaro est l'une des villes les plus chères du pays... Cela n'empêche pas d'ailleurs que bon nombre de mes élèves apprennent le français dans le seul but de pouvoir migrer au Canada. La corruption ne touche pas, on s'en doute, que le secteur de la sécurité, et toute une tranche de la population, assez riche pour pouvoir se payer une éducation et un esprit critique, vit dans la frustration de ne pas pouvoir gravir un peu plus les barreaux dorés de l'échelle sociale parce que l'économie et le pouvoir restent aux mains de ceux qui les détiennent. Ca vous rappelle immanquablement quelque chose, n'est-ce pas ? Mais dites-vous bien que lorsque je leur raconte les tambouilles de notre bon Nicolas Ier et du Prince Jean, ils rigolent en me disant que ce genre de choses est assez commun chez eux.

Il n'en reste pas moins que la vie ici est chouette : le cadre est superbe, comme en témoignent les photos que je vais m'empresser de poster, la vie culturelle est incroyablement riche (il y a toujours un festival de ciné ou une expo intéressante) et les gens très sympas (même si j'attends avec une impatience grandissante de découvrir un Mexique un peu moins fresa -entendez « bourge »- lors de mes futurs voyages au sein du pays). Voilà donc, en quelques mots (mouhahaha) l'endroit dans lequel je traîne mes guêtres depuis trois mois. Je ne résiste pas d'ailleurs à l'envie de vous faire part de quelques légendes urbaines qui pimentent l'atmosphère du centre historique en l'entourant d'un subtile parfum de mystère...

006

Los Arcos sont l'emblème de Querétaro (on en trouve la photo dans chaque bouiboui, souvent juste à côté de celle du Pape). Cet aqueduc est en fait le résultat (grandiose) de la concupiscence d'un prêtre, amoureux fou de la Petite-novice-du-couvent-d'en-face. Celle-ci, voyant l'amour démesuré que lui vouait l'homme de dieu, lui déclara qu'elle ne se donnerait à lui que lorsque les alentours de la ville cesseraient d'être un désert stérile et que les habitants n'auraient jamais plus à souffrir de la soif, ce qui semblait relever de l'impossible. Mais, la chose est connue, que pèse un tabou à côté de la libido d'un prêtre ? Celui-ci ne tarda pas à entreprendre la construction de ce gigantesque monument qui acheminerait l'eau à travers le désert, jusqu'à Querétaro. On prétend que la belle bigote, qui n'en était pas moins femme d'honneur, dut se résoudre à céder aux avances du frétillant ecclésiastique.

Casa_Don_Bartolo_p2

Don Bartolo :

Un caballero de haute naissance, du nom de don Bartolo vivait seul avec sa soeur dans cette vaste demeure. Aucun d'eux jamais ne se maria. Ainsi la foule des prétendants de la belle doña Bartolo fut-elle obstinément éconduite (avec une élégance proportionnelle au rang de chacun) par son frère qui jugeait immanquablement ces damoiseaux trop avides ou intéressées. Celui-ci désirait avant tout que sa soeur fût aimée (chose plutôt louable et rare pour l'époque). A dire vrai, les craintes de notre homme étaient bien peu fondées car il suffisait, en général, à la gente masculine de poser un regard sur doña Bartolo pour en tomber irrémédiablement amoureux. Cependant, son frère resta sourd aux arguments de la dame (qui avait certainement repéré dans le tas deux ou trois jouvenceaux de moins de 50 ans pas trop atteints par la goutte) et celle-ci finit peu à peu par abandonner l'idée d'aller convoler ailleurs. Tous deux vieillirent donc ensemble, animés du même et pieux désir de faire fructifier leur patrimoine, dans la sainte crainte de Dieu. Une vie tranquille, aurait-on dit... N'étaient toutefois ces étranges lueurs qu'on voyait parfois filtrer des volets clos du laboratoire de don Bartolo (le bougre se piquait, dit-on, d'alchimie, comme il convenait du reste aux esprits éclairés de l'époque) ou encore les mystérieux gémissements qui déchiraient parfois le tranquille édredon des nuits bourgeoises. Faut-il préciser que les rumeurs allaient bon train sur cette fratrie pourtant exemplaire ? Il en est ainsi des puissants qui, dès qu'ils tournent le dos à la fange, sont meurtris dans leur honneur par le gueux jaloux... Le malheur qui se produisit, par un soir de décembre – une de ces nuits sans lune où tout bon chrétien se garde bien de sortir de sa demeure – ne fit qu'apporter de l'eau au moulin des médisances. Alors que tout le quartier plongeait dans le sommeil du juste, un hurlement affreux retentit en provenance de la maison Bartolo. Les braves voisins, trop respectueux de l'intimité d'autrui pour intervenir bille en tête, attendirent que doña Bartolo ait suffisamment supplié à leurs portes pour enfin lui venir en aide et être sûrs de ne pas gêner. La foule courageuse se précipita alors dans la bâtisse, jusqu'à la porte du laboratoire où le vieil homme menait ses expériences. Ce n'est qu'après de longs efforts que l'huis céda et que tous découvrirent, muets d'horreur, le corps du pauvre Don Bartolo incrusté dans le plafond. Une mort violente est, dit-on, le prix à payer pour ceux qui demandent au diable la faveur d'un amour contre-nature...

025

La Zapoteca : Un riche négociant avait épousé une indigène Zapotèque, d'une beauté époustouflante. Le couple vint s'installer à Querétaro, dans une magnifique demeure où il menait grand train. Monsieur devait cependant s'absenter régulièrement pour raison professionnelle. On sait à quels genre de débordements ce type de situation mène par trop souvent et la Zapoteca ne tarda pas à céder aux avances d'un beau et frémissant domestique querétarien. Tout allait très bien et madame parvenait à cacher sa relation, jouant à merveille le double jeu. Mais c'était sans compter sur la faiblesse des hommes qui ne savent pas nager en eaux troubles bien longtemps... Une nuit que le maître de maison était de retour, le domestique, fou de jalousie, pénétra en silence dans la chambre du bourgeois et lui trancha la gorge. L'affaire fit grand bruit et alors qu'on commençait à soupçonner la Zapoteca d'avoir commis ou commandité le meurtre, elle fut retrouvée, deux jours plus tard, pendue à son balcon... Nul doute qu'elle s'était permise de réprimander le joli coeur pour son acte stupide qui les privaient tous deux d'une intéressante source de revenue, ce que le larron dut prendre fort mal. La demeure a depuis été rachetée et transformée en musée par son propriétaire, mais on murmure parmi les employés de l'endroit que le fantôme de la Zapoteca errerait encore parfois dans les couloirs de la maison, cherchant son époux afin d'obtenir son pardon...

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18 novembre 2009

Calaveras

Dans la lignée de ce que j'ai posté il y a peu, voici deux petits calaveras, l'un écrit à l'attention de mes compagnonnes de guitare Marina et Isella ainsi que de Thomas et Emilie, deux collègues de l'Alliance, l'autre pour mes colocs (en espagnol, siouplé)...

Je file même une bande son, tiens : http://www.youtube.com/watch?v=EWruBwPNBOs

calavera_de_la_catrina

Ôde à une Amante Goulue

Oyez, Pauvres Mortels, n'ayez crainte, approchez !

Ce jour est celui de Dame Mort,

Entrez dans la ronde du grand bal des damnés !

On la dit froide de prime abord,

Mais jamais on ne vit amante moins farouche

Voyez-la distribuer ses funestes baisers,

D'un clin d'oeil mutin attirer en sa couche,

Hommes et femmes qui, ce soir, lui sont fiancés.

La gueuse lève vers vous un doigt décharné.

Parfumée d'éternité et gantée de deuil,

A six pieds sous terre elle vous invite à diner

Où la seule bière qui coule sera votre cercueil.

Entrez dans la ronde la Mort vous fait danser,

Sur la musique de son rire aigrelet !

Gardez-vous de jamais lui faire concurrence

La défier, c'est se condamner à la potence.

Marina, Isella, amies chères, de la fière

Faucheuse par pitié ne vous riez point !

Rangez les guitares, le brio ne vous sert de rien

Face à Catrina, vos chants sentent le cimetière.

Hélas ! Que n'avez-vous mieux suivi mon conseil !

Vous ne jouerez pas mieux dans l'éternel sommeil,

Car les seules cordes que Mort se prend à aimer

Sont celles qui pendent tout au bout du gibet...

Or ça, voyez votre luth qui craque et qui râle

Le bois qui cède et le manche qui vous empale !

C'est bien triste. Mais déjà, en osseuse avertie,

La Dame en Noir s'en va vers un nouveau parti.

A Emilie et Thomas, innocents qui passaient,

Elle décoche son plus beau rictus et dit :

« Une mienne amibe s'est de vous enamourée.

Permettez qu'elle loge en vos entrailles pourries. »

La Mort ne se contredit ni ne se fâche,

Aussi les compères acceptent le marché :

Ils se vident et meurent sinon avec panache,

Au moins peut-on dire qu'ils reposent en pet...

A mi compañeros

Eso es el Dia de los Muertos

Y la Catrina merodeas entre nosotros

Matando el Rey asi como el peon

Poniendo frio en su corazon.


Pero aqui, amigos, en nuestra casa,

Vale mejor para ella que no passaria

Porque vuestro pecho es demaciado caliente

Incluso la Muerte no puede enfriar los, Buena Gente...

15 novembre 2009

Descansa en paz...

(Repose en paix...)

093

Il aura fallu que l'Ange de la Mort pointe le bout de son pétard osseux pour que je me décide à prendre de nouveau la plume. Non, non, je ne me suis pas fait renverser par un iguane en rut. Je n'ai pas non plus failli y passer à cause des sucettes au piment (encore que...). Non, j'ai simplement vécu le jour des morts version mexicaine et j'ai ressenti un besoin pressant de vous faire partager cet étrange moment...

La mort, au Mexique, c'est un peu comme le mole (une sauce à base de cacao particulièrement savoureuse), tout part du mélange des traditions. Au commencement, il y a les coutumes indigènes (mayas en particulier) aux arômes corsés et fascinants, auxquelles on a rajouté par la suite une bonne louche de catholicisme, mâtiné d'un zeste de superstition, histoire de relever le tout. Le cocktail est détonnant.

Le Dia de los Muertos, c'est une sorte de rêve éveillé où l'on croise, de maisons en maisons et de places en places, les altares (« autels » aux morts; même les partis politiques en construisent dans les lieux publiques !) croulant sous les fleurs et les offrandes, où les rues, à Querétaro comme ailleurs, fourmillent d'échoppes improvisées proposant des crânes en sucre ou des couronnes funèbres en chocolat. Un jour où il n'est pas rare de croiser, au sortir des cimetières, une troupe de borrachos (ou « gens bourrés »), jeunes ou vieux, qui viennent de se recueillir sur les tombes de leurs morts à grandes gorgées de téquila. C'est aussi l'occasion d'offrir à ses amis les fameuses calaveras (mot à mot, « crâne »), de petits poèmes satiriques décrivant par le menu la façon dont la personne en question mourra. Loin de paraître lugubre, ce geste est en fait une manière d'honorer ses proches et surtout de rire de la Mort. Car pour les Mexicains, celle qu'ils nomment la Catrina (oui oui, M'man, tu lis bien) est partie intégrante de nos vies et ne doit soulever en nous ni peur ni regret. Le plus impressionnant est de voir à quel point cette tradition est encore vivace, même parmi les jeunes. Je l'ai bien compris en voyant Itsel construire tranquillement le petit autel qu'elle a dédié à sa mère morte il y a trois ans... en face de ma chambre.

Ah oui, parce que là, j'oubliais un détail : la tradition veut que les morts reviennent, le temps d'une nuit, dans le monde des vivants. Et comme chacun le sait, après une telle descente (ou une telle ascension, ça dépend), on crève de faim ; c'est pourquoi on ne manque pas de placer sur l'autel toute sorte de fruits, la bière préférée de Pépé mais aussi le fameux pain des morts (délicieux !) que l'on ne trouve qu'à cette période de l'année. C'est donc un autel débordant de victuailles qu'on a édifié à deux pas de ma porte.

Cool.

« Tiens, peut-être que ma maman viendra te dire bonjour, le Français », me dit Itsel d'un air candide.

Oh ben faut pas qu'elle se dérange, hein...

027

A dire vrai, je n'étais pas là pour vérifier le soir-dit, mais lorsque je suis revenu le lundi matin, il y avait comme un ptit coup de dent dans une des miches placées là...

Ceci étant, ce à quoi j'ai assisté n'était pas non plus complètement anodin : avec Emilie, une collègue, et Paloma, une étudiante avec qui je m'entends bien, nous avons décidé d'aller faire un tour dans un endroit bien particulier... ZE cimetière ultime ! L'endroit où tout le Mexique un tant soit peu dans le vent, les morts comme les vivants, se rend pour vider un godet et se raconter les derniers cancans. Nous voilà donc partis, dimanche matin, pour ce qui est en fait une petite île lacustre, aux abords de la ville de Patzcuaro, dans l'état du Michoacan, à plus de 2000 mètres d'altitude. Célèbre dans tous le pays pour ses fêtes données à l'occasion du Jour des Morts, Janitzio abrite pas moins de cinq cimetières et accueille des milliers de touristes mexicains venus, en famille, s'encanailler sur les tombes. Après quatre heures de route (nous avons pris la voiture de Paloma) et avoir laborieusement dépassé une gigantesque procession de rancheros (les cowboys mexicains) qui s'étaient rendus maître de la route et déroulaient devant nous un impressionnant tapis fécal, nous nous retrouvons ainsi dans les montagnes, en plein pays tarasque (la fresque de l'album photo témoigne de l'histoire dramatique de ce peuple).

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Une fois avalé un déjeuner (à 5 heures de l'après-midi...) de mole con pollo (poulet au cacao : mon plat préféré !), nous nous jetons à corps perdus dans la foule des badauds qui baguenaudent et des pèlerins qui pèlerinent. J'achète un bonnet pour le froid qui commence à s'immiscer vicieusement et une portion de caramel au lait de chèvre (!!) en cas de coup dur. Très vite, le jour décline et nous devons nous mettre en route pour l'île. Il fait nuit noire lorsque nous embarquons sur une sorte de petite péniche qui fait l'aller et retour pour acheminer sa cargaison de chair passablement alcoolisée jusque Janitzio. L'ambiance joviale cède pourtant le pas, peu à peu, à une sorte d'engourdissement frileux, à mesure que nous avançons et que les rayons de lune gèlent la moindre ride à la surface de ce lac d'obsidienne.

065

Tout le monde semble retenir son souffle, sans que je sache vraiment pourquoi. Et puis, d'un seul coup, je comprends. Au détour d'un bras de terre, elle apparaît. L'île. Comme une colline de lumières qu'un paysagiste dément aurait planté là, au beau milieu de l'eau. Et tandis que nous glissons lentement sur l'onde, je ne peux m'empêcher de penser à notre île des morts. Celle de nos légendes celtiques. Est-ce donc ici qu'on peut désormais trouver Avalon ?

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Ah ben en fait, non... Ou alors une Avalon défigurée par un rejeton maléfique de l'infâme Waltos Disneyos... Parce qu'une fois posé le pied sur terre, je me rends vite compte que l'endroit tient plus du Mont Saint-Michel sauce guacamole que de la nécropole mystique. Janitzio est juste un village vitrine, dont je me demande à quoi peuvent bien ressembler les rues une fois vidées de leur sang touristique. Je mets ma déception en sourdine et avance en bon petit globule vers le coeur de l'île, pour un nettoyage spirituel en règle. Je me console d'ailleurs assez bien en avalant un gobelet fumant de Jamaïca, une décoction à base de fleur d'ibiscus qui a le bon goût de vous transformer en sauna sur pattes. Au gré de notre circulation opiniâtre, nous nous coagulons (en tout bien, tout honneur) à quelques uns de mes collègues venus eux aussi assister aux réjouissances. La presse se fait de plus en plus compacte tandis que nous continuons notre ascension. Des chapelles apparaissent ça et là, entre les échoppes de gorditas (crêpes au maïs fourrées) et de bonnets de laine et la foule se fait soudain plus silencieuse. Dans chacun de ces petits temples, un autel luxuriant, embaumé de cet encens particulier qu'on utilise au Mexique depuis les aztèques et leurs danses extatiques.

084

Nous nous coulons pour quelques minutes encore dans les artères chaudes et tamisées qui sillonnent la colline et débouchons soudain, en troupeau égaré, sur un trou noir. Une poche de Néant que la Lune peine à éclairer et dont les seuls puits de lumière sont en fait les tombes autour desquelles une multitude de bougies a été disposée. C'est un peu comme le négatif de notre monde... Ici, la couleur est l'apanage des morts. Nous autres, nous nous contentons d'errer, gris et anonymes, entre les sépultures dont émane une drôle de vie bariolée. Instant de grâce. Et puis le premier flash crépite. Tout autour de moi, une armée de zombies photographes entame son festin d'images. La vitrine reprend ses droits... Nous nous promenons encore quelques minutes, l'appareil aux mains, histoire de ne pas être en reste. Ce qui est étrange, c'est que, même déchiqueté ainsi sous la crudeur de nos regards, l'endroit conserve comme une aura de bienveillance froide. Comme si, bon gré mal gré, il se prêtait au jeu de nos « risibles contorsions », comme dirait Baudelaire.

Ce n'est que deux heures plus tard, alors que je conduis la voiture de Paloma pour nous ramener à Querétaro, que je réalise à quel point tout cela correspond à ce qu'on m'avait dit sur cette journée. Pas de terreur respectueuse face à la mort, mais une acceptation candide, une fascination assumée. Comme une drôle de kermesse où le sacré n'est jamais là où on l'attend. La route défile devant moi, noire et serpentine, tandis que me reviennent en mémoire les dernières paroles échangés avec mes collègues lorsque nous nous sommes séparés : « Vous êtes sûrs que vous ne voulez pas venir ? Abraham a un super plan : Il y a une super rave, sur l'île voisine, pas loin d'un cimetière ! »....

21 septembre 2009

Comment je suis tombé amoureux d'une Coréenne au Mexique...

Si. Je l'ai fait, j'ai craqué.

Cela faisait quelques temps, déjà, qu'on se lorgnait du coin de l'oeil... Que je passais et repassais dans cette rue pour touristes où je trouvais toujours un prétexte pour me rendre, afin de la frôler du regard. Elle était toujours là, sur son piédestal, l'air admirablement précieux parmi toutes ses congénères. Elle offrait au monde le spectacle de ses formes généreuses, fermes et comme irisées sous la douce lumière de l'endroit... Je n'osais l'aborder.... Un tel trésor était bien au dessus ce que j'aurais jamais osé rêver. Lorsque je l'ai enfin approchée, le coeur battant, j'ai découvert avec un brin de stupeur qu'elle était coréenne. L'espace d'un instant, j'ai éprouvé une sorte de remord.... Ridicule, mais tout autour de moi, les mexicaines redoublaient d'effort pour attirer le regard du sale gringo que je suis. Certaines y allaient un peu fort, empanachées de motifs qui m'évoquaient plus un cours de géométrie ou un pull à la Fournio qu'une réelle parure ( Non, mais, Sylvain, ça te va très bien ce genre de pull ).

Et puis je l'ai touchée... A cet instant, j'ai réalisé que rien ne serait plus jamais comme avant. Nous nous étions trouvés et nous vibrions de concert. N'y tenant plus, je l'ai emmenée chez moi. Je savais que cela me coûterait les yeux de la tête, mais peut-on vraiment se raisonner, dans ces moments ou notre cerveau est à peu près aussi vif qu'une enclume ? Cédant à mon irrépressible désir, je l'introduisis dans ma chambre et, une fois déshabillée, je la posai sur mon lit, pour la contempler, au comble de l'émotion. Etais-je en plein songe ?

Non, je l'avais fait, j'avais craqué.

J'avais acheté une guitare !

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17 septembre 2009

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17 septembre 2009

Mon auberge mexicaine

Quoi ? Je rêve ou je suis vraiment parvenu à boucler mes prépas à temps pour venir batifoler ici quelques minutes ? Allez, c'est donc le verbe haut et la mine jouasse, que je m'en vais vous raconter la semaine qui vient de s'écouler. Couler serait (encore, décidément) plus approprié, à vrai dire, étant donné qu'il est tombé à peu près autant de flotte ici en une semaine qu'à Boulogne en un mois (si si !). Le plus drôle étant que la plupart du temps, il fait un grand soleil ! Je vous laisse imaginer la dimension cataclysmique de ces brèves averses quotidiennes. Ceci dit – allez savoir pourquoi - elles sont moins quotidiennes depuis que j'ai fait l'acquisition d'un superbe parapluie modèle réduit dont le manche est judicieusement pourvu d'un petit sifflet en plastique (Mais, non, je vous assure que je l'ai trouvé au rayon textile adulte). Je ne suis pas encore bien sûr d'en avoir saisi l'utilité; j'imagine que lorsqu'on est cerné par l'eau inondant les rues, avec pour seul refuge le capot d'une voiture, on est content d'avoir un petit sifflet pour appeler à l'aide.

Je vous aurais épargné ce flash météo s'il n'avait pas son importance dans la suite de mes élucubrations.

Et oui ,comme certains d'entre vous le savent, j'ai emménagé il y a maintenant plus d'une semaine dans mon auberge mexicaine ! Moulin conviendrait peut-être un peu mieux, puisqu'il ne se passe pas une journée sans que je ne voie une nouvelle personne affalée dans ce qui tient lieu de canapé commun. Blottie au sein du quartier historique, mais en retrait de l'effervescence du centre, cette charmante petite maison de caractère m'avait tout de suite tapé dans l'oeil, avec son petit patio, sa baignoire, son entrée semée d'un joyeux bric-à-brac et le petit air bohème de ses occupants ( du Fle à l'immobilier, y a qu'un pas et on doit toujours penser à une éventuelle reconversion ).

002

J'ai donc décidé de poser mes valises dans ce petit paradis et de vivre aux côtés de sa faune joviale : Sofia, 24 ans, la sagesse et le calme incarnés, sa soeur, l'exubérante Valentina, 18 ans et étudiante en théâtre. Bien que dépourvues de barbe (quoique...), elles sont toutes deux les gardiennes des lieux puisque leurs parents sont allés vivre dans le Chiapas, une province dont on ne cesse de me vanter les mérites depuis mon arrivée (« et en plous, ils font dou bon café »). Leur mère étant française, Sofia parle un peu notre langue, ce qui m'a permis, au départ, de limiter l'affligeante pantomime que j'exécutais quand je voulais me faire comprendre et que j'ai déjà évoquée. Mais les soeurettes ne sont pas seules et c'est avec plaisir que j'ai découvert, dès le premier soir, la conversation de Gorge, profonde (…... non mais en vrai, ça se prononce « Rolré », hein !), la gentillesse boudinée de Itsel et le flegme à retardement d'Angel, l'amigo de Val. J'apprends encore, avec force balbutiements tartinés d'incompréhension, à les connaître. Je me découvre des centres d'intérêt avec la plupart d'entre eux : Angel est peintre et nous avons déjà passé une soirée à discuter de tableaux et de musique. Quant à Itsel, elle lit l'avenir dans les tarots ( « es un don » ) ! Seul notre ami Gorge est peu trop djeunz à mon goût mais je ne le vois que peu. Ainsi, tout était parfait. Un peu trop, même, parce qu'il me fallait quand même quelques petites misères à raconter ici, histoire de pimenter la chose...

Heureusement, Sofia a eu tôt fait de me rassurer sur ce point, m'indiquant qu'il y avait « une légère fuite au plafond », lorsque le temps était à la pluie. « Mais je vais réparer bientôt », me dit la souriante bougresse en me plantant un seau entre les mains. Ben oui, les gouttes, faudra bien les mettre quelque part ! Voilà donc plus d'une semaine que je joue, presque tous les soirs à « attrapez-les toutes (les gouttes) ». Le seul problème étant qu'avec les déluges évoqués plus haut, l'état du toit ne s'est guère arrangé et j'ai découvert hier qu'il pleuvait sur mon lit.... M'empressant de le changer de place, je me suis attiré les protestations horrifiées d'Itsel (« ah, mais c'est pas du tout Feng Shui, ton truc, là... Le lit en face de la porte, c'est la position de l'homme mort. » Ah. Voui, mais j'en avais un peu marre de la position de l'homme mouillé.... Pis chuis un aventurier, moi, même pas peur, d'abord ! )

4 septembre 2009

Despues del ciné

Despues del ciné.

Désolé, mais je n'ai pas pu m'empêcher de caser ici ce titre qui correspond à l'un des chapitres de ma sacrosainte méthode assimile. Et puis je reviens bel et bien d'un de ces gigantesques cinémas améri.. heu... mexicain, un palace rutilant au coeur d'un mégacentre commercial comme on les aime. Il y a même un Macdo intégré (vouivoui, intégré) où les Mexicanos passent juste avant de rejoindre la file d'attente. Mais bon, les gars, rassurez-vous, on est quand même au Mexique, hein ! La preuve : ici, on met du fromage en poudre et du piment sur le popcorn ! Je ne suis pas peu fier, en tout cas, d'aller voir un film qui, parmi la ribambelle de blockbusters dont les affiches me piquent les yeux, passe pour une oeuvre d'auteur. D'ailleurs, on nous fait bien sentir qu'on est pas comme les autres spectateurs. On nous parque à l'écart des 11 autres salles et on nous fait entrer tous en même temps. Une seule séance pour Gomorra, un seul jour. On est prié de quitter la salle dès le générique de fin, hein.... Et ne dites pas que vous avez vu ce film chez nous, ça pourrait se savoir... (non là je suis médisant). Je m'installe donc dans mon petit fauteuil, me préparant à une claque (que je prends) car je connais la réputation du film. Ceci étant, la claque eut été plus cinglante si ça n'avait pas été en italien sous-titré espagnol, parce que là, j'ai quand même eu mal à la tête.

Je prends le taxi pour rentrer chez moi (encore un qui me prend pour un américain, ça commence à me soûler mais je reste courtois) et là, je suis pris d'un petit passage à vide. Je m'apprête donc à un brin de déprime devant ma casserole de Glacs (les Frosties locaux... bizarrement les seuls céréales que je suis parvenu à trouver jusqu'ici, ce sont les pétales de.... maïs.... Mouahahahaha) quand PAF tagadapouet, Laura, la directrice (qui habite juste en face du studio que l'Alliance me prête jusqu'à samedi) vient me voir pour me montrer comment on s'y prend pour allumer la chaudière (oui, ce matin, la douche a été particulièrement vivifiante) et me présenter à Eva, une autre de mes collègues et accessoirement, sa colocataire. On s'installe, on fait connaissance. Très sympa, encore une fois (ça devient lassant, ces gens charmants), on se raconte nos voyages jusqu'à ce qu'arrive Abraham (rien que ça). Abraham est un jeune muchacho qui ressemble comme deux gouttes d'eau, visage, taille, mimiques, à … Trique... Une petite voix me dit que parler de cette ressemblance ne lui évoquerait pas grand chose, par contre, lui ne se prive pas pour me trouver un faux air de Matt Leblanc (Joe dans friends) et pour m'avouer que je ressemble plus à un Américain qu'à un Français. Bon, finalement, j'estime qu'il y a pire comme ressemblance (même si je pense qu'il est quand même un peu perché, le gars) et je calme les ardeurs de mon Opinel (français) qui frétille dans ma poche. Le prophète se rattrape d'ailleurs assez bien en m'initiant à quelques rudiments d'argot mexicain que je suis impatient de réutiliser...

Il est tard, maintenant et je dois dormir. Réunion pédagogique demain à 9h30. Je termine cet article avec une petite énigme: si vous parvenez à trouver quelle expression idiomatique française se cache derrière cette phrase en espagnol, je vous paie le champagne à mon retour...

No hay que confundir la velocitad con el tonico.

4 septembre 2009

A l'aube du quatrième jour...

 

Au crépuscule du troisième jour, le sombre héros contempla ce qu'il avait fait... et se dit qu'il y avait encore du boulot.

Alors il décida de s'asseoir à la table de la cellule qu'on lui avait allouée pour quelques jours et de faire le point...

Le premier jour. Je me réveille à 10 heures et demi, décalé, assoiffé, affamé. J'ai encore quelques heures devant moi avant d'aller traîner ma mine de déterré à l'Alliance où je dois rencontrer mes collègues. Je prends une douche et me débarrasse enfin de cette persistante odeur de voyageur (doux euphémisme), échange quelques civilités incomprises avec les globuleuses dames de l'accueil et part à l'assaut de Querétaro. Il fait chaud. Mes pas embrumés me portent naturellement vers le centre historique de la ville. Je marche, je marche... des palmiers, du bruit, des rues un peu décrépites qui me rappellent immanquablement la Chine. Mon cerveau et ses deux neurones ne notent rien d'étrange, trop absorbés par l'effort que représente cette première balade. Et puis tout à coup, je m'arrête sur une place envahie de verdure. El Jardin Zenea. Je regarde autour de moi et là, je comprends.

001C'est quoi cette église hispanique, en face ? Et pourquoi toutes les maisons sont peintes en rouge, en jaune, en bleu intenses ? Putain. Je suis au Mexique. Putain. Tu l'as fait, mon vieux. Je reprends ma marche alors que mes sens se réveillent. Les odeurs, la lumière, les couleurs, les visages. J'absorbe tout. Les gens qui me croisent doivent se demander ce que c'est que ce sourire abruti que je trimballe.

005A chaque coin de rue, on trouve des vendeurs de drapeaux mexicains. Je ne tarde pas à comprendre que c'est bientôt la fiesta de la liberacion nationale. Marrant. Je cède ensuite aux avances d'une mamma mexicaine qui me vante sa carte et ses quesadillas et je m'abandonne aux délices de mon premier repas mexicain : de succulentes crêpes fourrées au poulet baignant dans une sauce rose (dont mon petit doigt me dit qu'elle est a base de haricots (fajolitas, je crois) ) .

L'après-midi, je prends mon courage à deux mains et je vais rencontrer ceux avec qui je vais bosser ces prochains mois. L'accueil est chaleureux et je tente de suivre, l'air concentré, la visite guidée des lieux par la coordinatrice pédagogique, très amicale. Je discute avec un vieux routard de Québécois qui a posé son sac ici il y a dix ans pour devenir le responsable de la bibliothèque. On me donne plein de conseils pour trouver un appart le plus vite possible. Soulagé par cette ambiance détendue, je décide que tout va bien, et que je mérite une deuxième incursion en ville, le soir.

***

Assis à la terrasse d'un petit bar, je me force à ne pas sursauter à chaque fois que le tonnerre déchire le ciel, mes tympans avec. « Ben oui, c'est la saison des pluies, m'a affirmé Angeme le québécois... Mais jusqu'ici, il n'a pas beaucoup plut. » Moui... mais c'était avant l'arrivée d'un Boulonnais dans la place. Tout autour de moi, la joyeuse rumeur des gens attablés me tient chaud. J'ai vraiment l'impression que le ciel va s'ouvrir en deux. Je tente de rassembler mes esprits pour chercher une chambre dans le journal de petites annonces que je viens d'acheter. Un sentiment de liberté absolue sourd en moi. Etrange. Excitant. Effrayant. J'ai les cartes en main, à moi de jouer. Alors que j'essaie de coucher par écrit ce que je ressens, je me rends bien compte que je fais tout pour ne pas me laisser submerger par la marée des émotions. Pourtant, elle me passe bel et bien dessus, m'emportant dans un sens puis dans l'autre...

Je réalise que la pluie ne cesse pas et je constate avec un brin de perplexité que l'eau commence à stagner dans les rues. Voire à monter. Ah oui, elle monte, tiens. Dans un éclair (c'est le cas de le dire) de lucidité, je décide de rentrer à l'hôtel vite fait mais on ne défie par impunément les éléments comme ça, mon petit monsieur ! Lorsque j'y parviens, j'ai de l'eau jusqu'aux mollets et je gravis les marches de mon quatre étoiles, un peu penaud, sous l'oeil flegmatiquement hilare des portiers.

***

Le deuxième jour est consacré presque exclusivement à la recherche d'une chambre. On n'imagine pas à quel point on a recourt aux gestes, quand on tente de balbutier ses premiers mots dans une langue inconnue. Le téléphone, lui, me le rappelle gentiment. De l'hôtel, je passe donc quelques coups de fil aux numéros que mes collègues m'ont généreusement communiqués et là, y a pas, j'ai beau essayer de mimer pour étayer mon « quiero un cuarto en vuestra habitacion », seules les globuleuses peuvent apprécier le spectacle . Bon, après quelques malentendus, j'arrive quand même à prendre rendez-vous pour visiter trois chambres. La première est située à une vingtaine de minutes à pied de l'Alliance, dans une charmante maison typique, avec cuisine aménagée, salle de bain avec baignoire, machine à la laver, le tout (oui enfin la maison) habité, entre autres, par les deux soeurs qui me font visiter (la plus vieille doit avoir mon âge). Tout a l'air sympa. La chambre est petite mais pas moche. Juste un petit problème... elle sert de couloir à un autre locataire qui doit y passer pour accéder à la sienne... Euh... bon, ben non alors.

Après une errance désoeuvrée à l'Alliance, je file à mon autre rendez-vous. Je n'ai que le nom de la rue.. c'est donc là que j'attends le bougre de proprio qui se fait désirer. Après 15 minutes, je décide de sonner aux portes pour chercher el señor Augustin. Personne ne connait. Ceci dit, j'ai l'impression qu'on me comprend ! Un adorable sexagénaire pousse même jusqu'à dire que je hablo español muy bien. Mouais... en même temps, c'était juste après avoir repéré mon accent français et m'avoir dit « de rien ». Le faquin aura voulu éviter de me vexer...

Bref, au bout d'une demi-heure, un type tout bizarre sort d'une des maisons comme un diable et me demande si je le cherche. « Ben oui, même que ça fait un bout de temps, coco », pensè-je en mon fors intérieur. Bizarre donc. Oui, je crois qu'on peut employer ce terme quand on a en face de soi une personne habillée comme Sid Vicious qui aurait été abusé par Jean-Paul Gautier et dont la moitié du visage coule inexorablement vers le sol. Oulah. N'osant pas même imaginer à quel genre de radiation le type a été exposé, je maintiens avec ladite coulure une distance respectable. Augustin fait d'ailleurs tout pour me mettre à l'aise et pose une main pudique pour soutenir sa joue récalcitrante. C'est bien aimable, mais ça n'empêche que son plan est foireux. La cuisine n'est pas équipée, les toilettes ne ferment pas et la douche est... dans le lavabo. Il ne peut pas me faire visiter la chambre, bien sûr, parce qu'il y a un cadenas et qu'il n'a pas la clé. Ah ben oui, bien sûr...

Or donc, sachant par avance que la troisième chambre tient plutôt de la cage à lapin, je maudis ces Dieux chagrins qui m'affublèrent d'un tel karma quand soudain le téléphone sonne à l'Alliance, où je suis revenu traîner mon désespoir. D'un coup de baguette magique, les deux soeurs ont fait apparaître dans leur charmante demeure une nouvelle chambre, plus chère, mais plus grande et surtout sans autoroute au milieu... Esta muy muy bien. Cette chambre, je l'ai visitée ce matin (mercredi) et je ne crois pas que j'aurais pu trouver mieux. J'y emménage samedi, en espérant ne pas y découvrir un vice caché.

C'est donc le coeur léger que je me rends, mardi soir, en compagnie de quelques collègues, chez Isela, la secrétaire de l'Alliance, pour un repas d'adieu en l'honneur d'une prof sur le départ, et aussi, un peu, de bienvenue pour moi. Et là, je découvre que je suis fan de la cuisine familiale mexicaine. Oh, ce qu'on mange n'est pas extrêmement sophistiqué: ce sont des épis de maïs (fraîchement coupés) cuits à la vapeur (pendant trois heures !) et que l'on tartine de crème fraîche, de fromage et bien sûr, de piments divers et variés (5 sortes sur la table). A ma grande honte, j'ai oublié le nom de ce plat... Je redemanderai demain.

On me fait boire moult téquilas et je finis par une « danse du pâté de tête » (comprenne qui pourra) qui accélère semble-t-il mon intégration parmi les mexicains. Je sais déjà alors que cette soirée restera gravée dans ma mémoire pour la vie. Tous ces gens sont vraiment charmants, et même si je suis frustré de ne pas pouvoir communiquer comme je le voudrais (on parle espagnol la plupart du temps), je ressens néanmoins une grande sympathie, au sens premier du terme.

4 septembre 2009

Au commencement

Voilà. Après plus de 27 heures de voyages, je pose enfin mes valises dans cet hôtel un peu froid dont le tenancier me semble sortir tout droit de la série Zorro, avec sa chemise blanche échancrée sur son torse velu qui donnerait des complexes à Demis Roussos. Je ne préfère pas me remémorer les adieux à Paris. Trop douloureux. Et un sentiment qui dominait. Mais je le garde pour moi. Il serait trop difficile de le définir, de toute façon. L' attente à Francfort a été l'une des plus dures de ma petite carrière de voyageur, mais elle m'a permis de faire la rencontre d'Alberto le querétarien (?) en tee-shirt superman que j'ai promis de contacter « to go out ».Je passe ensuite moult douanes et check points qui me donnent une idée de la difficulté de s'installer ici; je me fais arnaquer de 40 pesos pour un petit 5 minutes de communication téléphonique par Alfonso qui trimballe avec lui un papier certifiant en chaque langue qu'il est quelqu'un de confiance et qu'il montre à l'envie à ceux qu'il parvient à alpaguer ( Qué cabron ! ) .

Puis je sors, prends enfin le bus pour Querétaro et là... là, je commence à comprendre pourquoi Mexico est la plus grande ville du monde. Durant son trajet pour me sortir de là, le bus gagne des hauteurs qui me permettent de mieux voir. Il fait noir, mais je distingue les collines autour desquelles est bâtie la ville. L'éclairage rend justement la chose encore plus incroyable. On dirait qu'une mer de feu les assaille continuellement, rongeant leur pied... féroce et majestueuse. Suivent 3 heures particulièrement collantes dans un bus Hightech bien plus confortable que l'avion. Ma moiteur m'empêche de l'apprécier pleinement. Il pleut. Et enfin Querétaro avec le comité d'accueil à la fois sympa et gêné de Laura, la directrice qui semble en fait avoir mon âge, et son copain. Je dois aller dormir sous peine de tomber sur mon clavier... Tout cela est si étrange. Je prendrai le temps d'apprivoiser ce nouveau monde demain... Demain...

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